Elle n’avait pas écrit pour le blog depuis quelque temps, la voici de retour, régalade assurée!

Quand j’ai appris que le tome II DES BOSSES ET DES BULLES nommé SECOND SOUFFLE sortait, j’étais toute folle. J’avais participé pour l’impression du premier tome et honnêtement, le talent de Matthieu Forichon doit être répandu sur Terre et même hors du milieu traillistique car ce sont de bien jolis dessins humoristiques.
Soudain, je vois qu’il y a un jeu pour en gagner. Mais ce n’est pas un jeu où tu donnes ton adresse email pour un tirage au sort ou encore une grande quantité de « like » sur une photo. Les règles du jeu sont simples : Il envoie le tome II à des personnalités du trail qui le cachent et nous postent des indices sur Facebook pour nous indiquer l’endroit de la cache. Youyou étant nouveau dans le Chablais et n’ayant pas de nouvelles de son Second Souffle, il nous fallait un parcours de repli.
Mercredi, Ludovic Collet poste qu’il en a caché un. Hum… vu que tous les chamoniards (même les gosses de 8 ans dixit Yohann Métay lors de sa représentation du Dossard 512 à Thorens-Glières) ont déjà fait le tour du Mont-Blanc, je me dis que c’est fichu pour celui-ci. Suivant les indices en parallèle d’Emilie Lecomte, il fallait se décider. J’ai tout de même regardé les 3 vidéos-indices enregistrées par Ludovic Collet, Yohann Métay et leurs acolytes dont la vidéo 2 qui ne sert à rien.
Jeudi matin 9h00, je sors de mon lit après avoir combattu vaillamment face à un exercice de chimie jusque tard dans la nuit. Et je vois que le Second Souffle de Ludo est toujours en place. Je dis à Carine de se préparer car nous partons à l’assaut de La Flégère pour avoir l’indice.
«  – c’est quoi La Flégère ?
C’est à Chamonix. Il n’y a que 800D+.
Pour aller chercher le livre ?
Non, juste un indice…
Bon… ok… faut qu’j’prenne quoi ? »
C’est que la Carine, même si elle ne comprend pas toujours ce que je lui dis, elle sait qu’avec ma folie, on va se marrer et passer un moment génial, alors elle suit.
Une heure plus tard, nous partons de chez moi : Traversée du Chablais, A40, Vallée de l’Arve, Chamonix.
Barbie’s van garé, on se chausse et s’habille pour affronter le froid et la neige. J’ai bien pensé aux raquettes mais dans de la neige fraiche sur une telle épaisseur, inutile. C’est donc en Salomon que nous ferons l’ascension.

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Euh… il est où le chemin… la neige est d’un blanc immaculée (ou presque) et toute possibilité de suivre une trace est effacée par les averses de neige de la nuit précédente.

Ah non… une trace… est-ce un indice ?

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Et nous voilà embarquées à faire une jolie trace bien propre et toute belle dans ce blanc scintillant. A ce moment-là, des paroles me viennent en tête : « l’hiver s’installe doucement dans la nuit, la neige est reine à son tour ». Nous montons, nous montons, nous montons… et tout à coup, un couple derrière nous à 5 minutes en contrebas. De la concurrence ? Aucune idée mais on ne prend aucun risque. Go go go ! Après 30 minutes, on les a perdus je pense, il n’y a plus personne. Ah bien si il y a quelqu’un… et même quelques uns !!!

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Nous sommes arrêtées et nous les admirons. Je crois qu’ils font pareil mais pas pour les mêmes raisons. Nous montons doucement sans faire de gestes brusques pour ne pas les effrayer. Ils s’éloignent tranquillement du fait de notre progression lente mais visible.

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Nous montons dans les bois et tout à coup, un sapin décide que nous devons nous prendre de la neige sur la carafe. Ce qui fut fait en quelques secondes. D’abord moi. Puis pendant que Carine enlève la neige qui m’a couverte, le sapin voisin souhaitait que nous soyons à égalité. Nos éclats de rire résonnent dans la montagne. Nous reprenons notre quête.
Je surveille mon GPS. 700 et quelques mètres…
Quelques rafales de vent chargées de flocons viennent nous fouetter le visage et nous empêchent de monter par leur puissance. Nous nous protégeons avec nos capuches en nous mettant de dos à chaque rafale.
Jusque là, nous n’avons vu que des chamois mais je crois que j’entends un bruit d’humains : une pelle qui racle, on est d’accord pour dire que c’est un bruit d’humains ? Il y a un télésiège (fermé évidemment et oui j’ai regardé l’ouverture des télécabines avant de quitter la maison ce matin) et une dame travaille. Nous allons la saluer et elle nous dit qu’il ne nous reste plus que 15/20 minutes pour atteindre la Flégère et surtout, point très important, en suivant la trace du scooter, la neige est damée. Bonheur !!!

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Sur ces derniers mètres d’ascension, nous n’avons plus à avancer à tâtons et à faire la trace. Enfin presque ! Les canons à neige sont en route alors j’e tente une esquive sauf que cette esquive me mène direct dans la poudre où je m’étale allègrement. Plus nous montons, plus les rafales de vent se font violentes et le froid saisissant.

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Tiens un monsieur sur un scooter. Nous nous saluons. Il faut dire que nous n’avons pas vu beaucoup d’humains sur la journée.
Nos doigts commencent à geler malgré les gants. Nous cherchons partout près des panneaux. C’est que des panneaux de direction, il y en a plein à cet endroit. Nous nous mettons à l’abri là où le personnel de la station entrepose son matériel. L’eau dans le tuyau de la poche à eau de Carine est gelée. Il nous reste la mienne. Je crois qu’on nous voit périr ici vu le temps qu’il fait dehors Un coup de fil pour être sûres que l’indice ne soit pas envolé ou enfoui sous la neige. Il nous réexplique (comme dans la vidéo, à peu près) l’endroit où se trouve l’indice. Euh… mouais… on fait comment pour y aller. Le refuge de La Flégère a de la neige jusqu’au ras des fenêtres et aucun chemin n’est praticable. Ayant ouvert le chemin sur la quasi-totalité de la montée, je me lance. Je m’enfonce dans la poudre jusqu’à la taille. Petit détail qui a son importance : je mesure 1,78 m !
Ah bah tiens, si je te mets une photo du refuge en été, ça va te donner une idée de la hauteur de neige.

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Je m’étale. Mes jambes n’arrivent plus à pousser la neige et lance « on ne peut pas, ce n’est pas possible de l’atteindre ». Carine, qui avait plutôt subi le trajet jusqu’à maintenant à un sursaut et passe devant. Elle se met à nager dans la neige ; oui c’est possible, car on l’a fait ! Je n’ai pas pu faire de photos à ce moment-là : doigts gelés, exposées plein vent… mais ça aurait valu son pesant de Tuc. C’est avec difficultés (comme vous avez pu le comprendre) que nous atteignons le panneau. Je regarde un peu partout, rien ! Pas d’indice ! Mais beaucoup de neige. Pendant que Carine déneige le panneau, je continue pour voir si toutefois il y aurait un autre panneau du même genre.
Un coin de l’indice apparait et Carine aperçoit une lettre du mot. Elle hurle : « Je l’ai !!! ». Tous les chamois de la vallée sont au courant, nous avons l’indice.

Et devinez quoi ? Et bien oui… j’y ai pensé tout le long…

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Nous repartons donc en courant sur la neige damée direction le bouquin. En moi-même, je pense : « Matthieu, je ne mets pas en doute ton talent, loin de là, mais il a intérêt d’être extraordinaire ce SECOND SOUFFLE. »

Carine a tellement faim… qu’elle décide de faire une pause…

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Nous croisons la dameuse sur la piste déjà damée. Nous arrivons là où la dame jouait de la pelle et surprise ! Elle est passée sur le chemin (la dameuse ! pas la dame avec la pelle !), ce qui va grandement nous facilité la tâche pour redescendre.

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Nous allons un peu trop vite je pense car nous arrivons à ce panneau.
Dans mes souvenirs, c’est indiqué mais là, ça n’apparait pas. Oups…

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Message de Ludo : « vous avez manqué l’embranchement, vous êtes trop bas. »

On prend tout de même direction Chamonix et on remontera plus loin. Le soleil commence vraiment à partir. C’est que nous n’avions pas prévu d’y passer la nuit ! La batterie de mon téléphone est à 50% : de quoi faire environ 50 minutes d’éclairage.
Nous prenons d’énormes risques malgré les panneaux censés dissuader le badaud.

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Carine n’en peut plus. Elle commence à râler et est à la traîne. Sur les courses, elle est nettement plus rapide que moi mais aujourd’hui… je ne sais pas ce qu’elle a, elle traîne la savate.

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Ah… un panneau qui nous indique un lieu où nous ne passerons pas en moonwalk… (je ne vais tout de même pas vous dire là comme ça où nous mène cet indice !) Et c’est là que nous devons nous rendre. Il semblerait que notre objectif s’y trouve. Je précise « semblerait » parce qu’avec les « bolosses » qui ont fait ce jeu de piste et les « buses » qui suivent la piste, ça pourrait bien être un autre traquenard.

Je ne me rappelle pas que ce soit si loin et surtout, aucune trace de pas même recouverte de neige. Alors deux solutions : 1. Quelqu’un a déplacé le chalet mais quand j’y suis allée aux beaux jours, il n’avait pas bougé et le chemin traversait toujours la terrasse. 2. Il a vraiment neigé très beaucoup fort. (Quoi ça ne se dit pas en français ? c’est pour vous donner une idée de ce qu’on doit affronter).

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Carine n’en peut plus. Elle ne ronchonne même plus, c’est dire ! La nuit arrive. Heureusement, la luminosité de la neige nous permet de distinguer le chemin. Enfin… chemin… vous m’avez comprise !

Ah ! On s’en approche !

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10 minutes plus tard… Oh ! C’est encore loin ?

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A la vitesse où baisse le soleil, 5 minutes nous semblent durer une heure.

Aaaaaaaaaah !!! Le voilà ! Je vous présente La Floria !

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Ouais et maintenant ? Il fait nuit ! Il y a une grosse couche de neige !

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Ah ah… d’autres indices nous parviennent par message privé… J’allume donc la lampe de mon téléphone et Carine est à fond. Son flaire de gendarme va nous dénicher le précieux.

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La photo est floue mais elle vaut de l’or ! C’est à ce moment-là que nous avons atteint notre but. Mais nous ne le réalisons pas encore. Nous sommes excitées comme des gosses qui viennent d’apercevoir le Père Noël.

Nous redescendons rapidos. Nous croisons un jeune homme dont je connais le visage mais je suis tellement physionomiste… Je suis au téléphone avec Ludo à ce moment-là et je suis à deux doigts de braquer la frontale du gamin !

Nous continuons notre descente, Carine est encore à la traîne. Elle a faim, elle a mal aux jambes et au dos, elle a les pieds mouillés, elle a perdu ses guêtres une à une lors de notre périple…

J’allume la lumière de mon téléphone car nous sommes sous les sapins et il fait très sombre. Pile à ce moment-là, à mes pieds, une paire de lunettes de soleil. Ce sont celles de Carine. Ça me rappelle le trail des Paccots où j’ai ramassé un gobelet vert fluo. J’étais sûre que c’était le sien ! Bingo ! Vous savez maintenant pourquoi sur les courses je reste quelques kilomètres derrière elle.

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Le gamin redescend. Je l’interpelle et lui demande comment il s’appelle. C’est Thomas Rivo. Il était aussi sur le coup pour la quête du SECOND SOUFFLE : « Vous l’avez ??? »
C’est très fièrement que je lui lance un « ouaip ! » et déçu il me répond « on comptait y aller ce soir avec un pote ». C’est mort gamin ! On est passé avant… Soulagée d’avoir pris cette folle décision ce matin. C’était LE bon moment. Il part et nous continuons notre descente sur Chamonix à la lumière de mon téléphone (42% de batterie).
Ludo me dit de descendre tout droit et que sa femme va venir nous chercher et nous raccompagner jusqu’au Barbie’s van.

Carine serre fort le livre contre elle. Elle ne le lâchera pas. Impossible de le lui prendre des mains pour le mettre dans le sac ni même pour la soulager puisqu’elle est fatiguée. Et elle me dit : « promets-moi que si je dois mourir ici et maintenant, me faire dévorer par les chamois et les loups, tu sauveras le livre ! ». A ce moment-là, je me dis que je l’ai perdue. Heureusement, le chemin n’est plus très long.

Ah… le bout du tunnel… oui le petit point lumineux tout au fond…

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Elle arrive. C’est là que je découvre Madame Collet. C’est que le Ludo derrière ses conneries, il assure ! Elle est d’une beauté… simple sans aucun artifice et en plus sympathique. Vous vous rendez compte qu’elle a squeezé sa séance de piscine pour venir nous faire traverser Chamonix ! Nous sommes donc un peu gênées de l’avoir dérangée mais pas elle. Elle est cool ! Arrivées au Barbie’s van, c’est compliqué de retirer les lacets avec les doigts gelés et surtout impossible de garder nos chaussures détrempées à avoir châlé la neige sur 15km/1’160D+. Nous y avons passé 5h30 tout pile « all inclusive » : montée, recherche de l’indice, mise à l’abri, trouvage de l’indice, descente, cherchage du SECOND SOUFFLE (nous en étions au 4ème ou 5ème pour notre part) et descente sur Chamonix.
Arrivées chez Ludo, hop hop hop… un thé, des morceaux de tarte pour Carine (elle a défoncé la tarte !). Un super accueil !

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Oui on a fait tout ça pour un livre qui, comme me l’a fait remarquer un ami, ne coûte que 19 euros ! Mais il n’a pas compris la valeur de l’effort, la valeur de cette quête, la valeur de la dédicace, pour résumer la valeur du sport !
Donc merci Matthieu Forichon (auteur Des Bosses et Des Bulles), merci Ludovic Collet, merci Yohann Métay, merci à Sebastien, merci à La Barrière Horaire, merci à Madame Collet pour la traversée de Chamonix. Et évidemment, merci Carine de me suivre dans mes conneries.

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Vous n’avez pas besoin de faire tout ça pour l’avoir au chaud dans votre salon, vous pouvez l’acheter là : http://www.desbossesetdesbulles.com/boutique/

Je n’ai ouvert que les 3 premières pages pour le moment… et c’est très représentatif de ce que nous avons enduré pour l’obtenir…

Voici les vidéos-indices pour les curieux :
Indice N°1 : https://youtu.be/9aUNbn9eV20
Indice N°2 : https://youtu.be/zkGf5QPopa4
Indice N°3 : https://youtu.be/aMVDnpQ7TCE