« Mais pourquoi passe-t-il la ligne d’arrivée avec les gosses et la bonne femme lui-là ?! »

Ceci est une phrase que j’ai lue sur Facebook il y a environ deux semaines. Elle m’a choquée ! Bien que les mots soient d’un choix douteux, le fond de la phrase me parait nettement pire et débordant d’égoïsme.

Quand tu es finisher d’une course, tu veux partager ta joie de passer cette ligne d’arrivée mais aussi partager ta joie de partager avec ceux que tu aimes et que tu « sacrifies » au quotidien.

Commençons par le début, traduction du mot Finisher : victoire sur soi-même, finisseur, termineur, arriveur… Ah ! vous voyez en français ça rend rien !

Explication brute du mot Sport : Activité physique certes, apportant de l’endorphine à ceux qui le pratique ainsi que de l’adrénaline et fait profiter les autres également de ces sécrétions par procuration.

Je disais donc que le temps que tu passes à t’entrainer pour être finisher, tu ne le passes pas avec ta famille. Le don d’ubiquité n’est pas encore suffisamment répandu et seules les divinités peuplant notre univers en conservent le grand secret. Alors il faut être réaliste…

Quand je vois Julien Jorro du Team Lafuma passé la ligne d’arrivée avec sa petite Fleur de 10 jours dans les bras, je trouve ça monstrueusement chou ! Adorable ! Seulement 10 jours et déjà papa-poule.

Quand je vois mon ami Sébastien Benkida-Oudin fraichement mis au trail après une pseudo-retraite de perchiste se transformer en finisher et que ses jumeaux, qui l’attendaient avec Maman depuis un long moment, l’accompagnent main dans la main vers cette « victoire », je trouve ça beau.

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Quand je vois Nathalie Mauclair du Team Lafuma qui gagne la TDS 2013 et une superbe troisième place sur l’UTMB 2014 en profitant et savourant la dernière ligne droite qui mène à la Place du Triangle de l’Amitié avec ses enfants et qu’on voit Monsieur ému, ravi… ça me retourne.

Tu cours et ton mari garde les enfants, fait le ménage, prépare le dîner parce que tu t’es changée à l’arrache dans le garage en rentrant du travail pour ne pas entendre la marmaille miauler « Maman, je viens avec toi ! » et voir ta séance fichue. Il faut admettre que parfois les mamans aussi gardent les enfants, font les ménages, les courses, les repas, les bagages, les papiers, les comptes, les devoirs, le repassage, la couture, le carrelage, la peinture, l’isolation, la vidange de la voiture… et j’en passe. A dire vrai, c’est plus souvent monsieur qui court avec un dossard et madame qui cavale après le quotidien qui est trop court. Mais de plus en plus d’hommes s’y mettent. Mais je suis vraiment fan de tous ces « gens de l’ombre », homme ou femme, même combat !

Il y aussi ces couples qui vivent les courses à deux bien qu’un seul court.

Et Madame Jorro n’a pas fait qu’offrir un magnifique bébé à son bienaimé. On la voyait sur toutes les courses pour assurer les ravitaillements qu’elle cuisine elle-même (les célèbres Flopett’) et encourager son amoureux. Ce n’est pas un travail d’équipe ça ?

Et Martine Volay (Team Talon d’Achille Sallanches) et Christian Lefevre. Ils forment une équipe remarquable et redoutable. Il nous poste sur Facebook des photos prises depuis la fenêtre quand elle part s’entrainer et parallèlement des photos des petits plats préparés pour le retour de sa douce. Le dernier podium de Martine est une victoire totalement inattendue. Tellement inattendue que Christian en a eu les larmes de voir sa chère et tendre passer la ligne en vainqueur. Ce n’est pas de l’émotion et de la fusion ça ?

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Et Emilie Lecomte du Team Quechua qui offre un chocolat à sa moitié en guise de remerciement car il a mis tout son cœur et toute son énergie pour la rattraper après un ravitaillement car elle avait oublié son dossard sur l’Andorra Ultra Trail et qu’en ce moment même il poste des news sur son mur FB pour le suivi du Tor des Géants en plus d’assurer les ravitos. Ce ne sont pas des instants magiques ça ?!?

La semaine passée, j’étais en balade à Chamonix et l’arrivée de tous ces finishers anonymes qui traversent la ville avec la famille et les amis, tous aux traits tirés par plus de 40 heures de course et deux nuits dehors, des larmes qui coulent, la ligne qui se rapproche et bien ça me file des frissons, limite mes yeux pourraient partager leur émotions tellement ça transpire la joie, la famille, la solidarité, l’équipe, le résultat de sacrifices…

On ne s’improvise pas finisher. Ça demande du temps et du travail. Donc tout le monde s’y met quand on est en famille. Et c’est ce travail en famille, ce travail d’équipe qui mène à la victoire avec un grand V car il n’y a pas de petite victoire.

Alors à ces messieurs dames et leurs enfants, je leur tire mon chapeau et vous méritez ces victoires aussi !

Mais qui est le plus admiratif des deux ?

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La plus belle des conclusions, la voici!

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