Il y a les choses qu’on met dans un CR pour ne pas oublier, pour se rappeler de comment s’est déroulée notre course. Mais il y a des choses qu’on n’écrit pas ou tout du moins qu’on n’a pas besoin d’écrire pour se rappeler car ça restera gravé à jamais.

Mais là, j’ai envie de partager tout ça avec vous. Ces moments-là qui nous font vivre et qu’on revit et revoit en souriant bêtement quand on s’égare à errer dans nos pensées.

Christian me l’a vendue en ces termes : « tu verras c’est top les KV ». Je ne dis pas que j’étais convaincue au moment de m’inscrire, ni même quand j’étais sur la ligne de départ. Mais dès le top départ et ce jusqu’après la course, c’est… waouh ! Je vais essayer de vous faire ressentir ce qu’on voit, ce qu’on vit sur un KV (Kilomètre Vertical).

Dès le départ, il y a des spectateurs partout qui sont venus accompagner famille et amis. Ils nous encouragent comme s’ils savaient ce que nous allions vivre. Je n’en avais aucune idée, c’était mon premier.

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 Les premiers cinquante mètres où j’ai pu courir, je n’étais pas totalement dans l’ignorance car c’était un départ de course normal : les « BipBip » et « Coyote » sont devant, suivis de près par les « Speedy Gonzales » puis les limasses de compètes, les limasses, les escargots de compète et enfin les escargots. Comme je vous disais un départ tout à fait normal pour une course. Mais tout à coup, quand on arrive sous le télésiège et que j’entends les gens qui sont sur le côté dire « Allez courage ! Soyez forts ! ». Hein ? Je me sens plus comme une vache qui va à l’abattoir que comme Maximus (Gladiator) qui entre dans l’arène. Mais apparemment, nous sommes suivis par un fermeur qui n’est pas là pour mener les vaches au pré alors gooooooooooooooooooooooooo !!! Tout du moins jusqu’au premier chemin qui croise le nôtre (qui n’en est pas un je vous rappelle). Et là, encore des spectateurs qui hurlent sans relâche le même type de slogan.

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Deuxième portion de course : ça se raidit. Dans les 5 derniers mètres avant de recroiser le chemin, les expressions ne sont plus les mêmes. Que ce soit sur les visages ou dans les paroles pour eux comme pour nous. Mais ils sont là. Ils nous soutiennent, ils compatissent, ils nous encouragent avec leurs moyens.

Nous croisons à nouveau le chemin. Et là, ça bastonne sévère. Les supporters (oui, je trouve que ça leur va bien) sont rarement dans la pente. Seuls quelques aventuriers sont descendus d’un mètre. Les faces sont partagées : à la fois graves et à la fois admiratives.

Et à plus on monte à plus la différence se fait sentir. Là, encore sous le télésiège à s’accrocher au moindre truc qui traine pour ne pas glisser ou même pour se hisser, ça relève carrément du voyeurisme ! Ils nous scannent. Les uns après les autres. En détail. Mais que pensent-ils derrière leurs yeux béants nous renvoyant notre lutte de cet instant.

Bah figurez-vous que je ne suis pas bien sûre ! Et pourtant j’y ai réfléchi longuement :

–          « ils sont beaux dans l’effort ! »

–          « Waouh ! comme ils sont forts ! »

–          « Il faut être un peu dingue pour faire ça ! »

–          « Non mais du grand n’importe quoi ! »

En fait, je crois que c’est un peu tout ça. Et puis vient l’endroit du « no man’s land ». Seuls les coureurs ou vrais randonneurs sont là. Et à cet instant, quand tu commences à voir les autres coureurs qui redescendent et qui t’encouragent comme s’ils n’avaient pas fait cette course, comme s’ils étaient venus juste pour toi, juste pour t’encourager et te dire que tu vas y arriver, que tu vas être finisher, et bien là, ces encouragements prennent encore une autre dimension. Ces hommes et ces femmes sont des champions, ce sont eux qui seront sur les podiums ce soir et ils t’encouragent, toi l’escargot de fin de peloton, monter dans la souffrance car tu es là et tu donnes tout ce que tu as. Eux par contre, je ne sais vraiment pas à quoi ils peuvent bien penser car je n’ai pas la possibilité de me mettre dans leur peau. Mais ce que ces BipBip et autres Coyotes nous renvoient, à nous escargots de compète (ou pas), c’est juste colossal !

Je croise ensuite Seb Chaigneau qui m’encourage d’un « Allez Louloute » et prends une photo de moi. Je pensais qu’elle serait floue tellement je suis passée vite (bon ok… c’est pour la blague !). Et bien non… elle est parfaitement nette (non, ce n’est pas un selfie, j’ai eu les mains sur les hanches pendant presque toute la montée comme vous avez pu le voir les photos de mon autre CR).

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Je croise Mathéo Jacquemoud et un de ses amis qui m’encouragent aussi. C’est évident que je connais le parrain de l’épreuve mais lui ne m’a jamais vue ou tout du moins, ne me connait pas.

Et puis il y a aussi ces coureurs qui s’arrêtent à chaque « monteur » pour nous regarder un par un comme si c’était un hommage, un instant solennel qu’il fallait impérativement respecter. Je n’ai jamais vu ça auparavant ! C’est énorme ! J’ai envie de leur dire : « Dépêchez-vous de redescendre, vous allez attraper froid à rester plantés là » mais je ne veux pas briser ce temps qui leur parait comme suspendu.

Je vous avoue que je me suis demandé s’ils pensaient me porter et remonter.

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Je continue mon ascension et là je vois Martine. Enfin… je l’entends car je suis très attentive à ce que je fais. Elle me parle, me congratule. Sa voix rassurante me fait du bien. Je sais que je peux y arriver malgré mes doutes.

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Tous, sans exception, nous encouragent. Je monte avec Stella Ma. Une fille que j’ai rencontrée à l’instant. Ce n’est qu’en haut que je connaitrais son prénom. On passe notre temps à se doubler car le rythme est assez bizarre vu comment le terrain change à chaque pas. Son amie Amy qui est déjà finisher la suit et fait quelques photos.

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Nous sommes dans le dernier tronçon. Plus que 10 minutes d’ascension à ce que je vois. Cette ascension qui nécessite les mains. Je vois les têtes des bénévoles qui sont en haut mais pas le reste de leur corps ni la ligne tellement le terrain est vertical (c’est le nom : kilomètre vertical) mais j’entends parfaitement leurs encouragements qui me font aller encore plus vite moi qui croyait être à fond.

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Et je suis là ! Je suis arrivée en haut ! Je passe la ligne ! Je n’en reviens pas moi-même !

Je suis presqu’euphorique. Ça ne m’est jamais arrivé ça non plus. Aujourd’hui, en ce samedi 13 septembre, je confirme que j’ai adoré cette expérience. J’envoie un énorme merci à tous ces spectateurs, à tous ces coureurs, à tous ces bénévoles, à toutes ces personnes qui nous ont supportés et encouragés comme ils l’ont fait. Ce fut une heure trente de bonheur. Mais maintenant, il faut redescendre.

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Mes cuisses sont toutes engourdies. Cette première portion technique nécessite toute mon attention. Après tout ce que mon corps a déjà donné, il faut vraiment que je me concentre. Pour ceux qui ne connaissent pas le Mont Joly, un accident peut vite arriver dans la partie proche du sommet.

Je descends tranquille. Je ne saute pas, je prends même le temps de m’asseoir sur la pierre pour poser les pieds sur celle qui se trouve en contrebas. Après avoir passé le pierrier, je me remets à trottiner. Hein ?? Mais pourquoi je fais ça ?? Je pourrais très bien descendre pénard en marchant. Bah non… j’ai envie de trottiner. Alors go. Je passe par le mini van me changer pour ne pas attraper froid puis je marche. Jusqu’en bas, je marche. Jusque tout en bas je marche. Le soleil est passé derrière les montagnes. Le jour s’affaiblit. Je sors ma frontale car je ne veux pas attendre d’être dans le noir total pour la chercher. Et j’en profite pour regarder le paysage. J’admire ma Haute-Savoie. Elle est si belle Ce profil si sensuel et si doux, si incisif et si brutal. Qu’elles sont majestueuses toutes ces danseuses parfaitement immobiles dressées droit vers le ciel bleu foncé. Et oui, je m’égare dans mon délire admiratif comme si j’étais dans un rêve.

A mon arrivée sur le lieu de la fête, il fait encore jour. Je passe à la « tante » de pointage. Si c’est écrit, c’est que c’est ça, n’est-ce pas ? Ça fait rire du monde en tout cas et c’est bon de rire.

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Je pars à la recherche de mes lunettes. La dame a dit qu’elle les donnait à Pierre. Je retrouve mes lunettes au restaurant Le Schuss comme convenu. Je discute un peu avec Seb Chaigneau (oui je précise à chaque fois avec lequel car mon entourage est truffé de Seb à commencer par mon chéri) puis un peu avec Caroline Freslon-Bette. Et je rejoins Martine et Christian pour manger.

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Le repas est servi à l’extérieur et un superbe tipi géant sert de salle de restaurant.

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Et au moment des podiums, un monde… Je n’ai jamais vu autant de monde avec une telle ambiance sur des remises de récompenses. Comment était l’ambiance ? Joviale, simple, sincère… Tout ce qu’on aime !

Je vous encourage donc à vous lancer dans votre premier KV pour ceux qui ne l’ont pas fait pour votre propre expérience et surtout à prévoir la DMJ (Diagonale du Mont Joly) pour 2015 !

« Photos d’Amy SOSKA, Guillaume BORGA, Sébastien CHAIGNEAU et Elisa MARIETTE »