Dimanche 5 Octobre 2014,

Je sais, je suis en retard mais un peu chargée en ce moment…

Dois-je vraiment commencer par le début ? Euh… Bon ok, mais ça reste entre nous ! Promis ?

J’avais un joli programme pour préparer cette course, j’étais toute contente. Pour une fois, j’allais arriver sur une course avec une toute petite préparation (bah quoi, c’est mieux que rien).

Mardi 23 septembre au soir vers 20h, je fais mon sac pour effectuer une séance le mercredi midi juste avant de prendre mon repas à la cantine de mon travail. Dans la nuit de mardi à mercredi, vers une heure du mat’ je me réveille, des larmes perlent sur mes joues, la douleur est bien ancrée. J’attends un peu et je me dis que ça va passer. 1h15, la douleur est pointue, j’ai chaud, mon cœur s’emballe, je ne me sens pas bien du tout. Je laisse Seb dormir, je prends mes affaires au cas où je doive partir directement au bureau et je pars pour les urgences. Le parking est vide, les dieux sont avec moi. En moins de 10 minutes, je me retrouve avec une chemise blanche à pression dans une salle et un monsieur, lui-aussi tout de blanc vêtu, tape à la porte. Il vient « évaluer l’ampleur de la situation ». Je ne sais même pas ce que j’ai, mis à part… maaaaaaaaaaaaaaaaaaaal !!! Il regarde, il appuie (aïeuh !) et il recommence (mais euh… j’ai dit aïeuh !).

0.urgences

    • « – Vous mangez des légumes à fibres ?

    • Je suis fructosémique.

    • Ah !

    • Vous faites quoi comme travail ? Vous êtes beaucoup assise ?

    • Je passe plus de trois heures par jour dans ma voiture et environ 9h au bureau.

    • Vous avez là deux jolis facteurs favorisant une thrombose.

    • Vous faites du sport régulièrement ?

    • Oui je cours et je fais de la préparation physique. Environ 4 séances de sport par semaine.

    • Heureusement que vous avez une activité régulière mais il faut tout de même inciser maintenant. »

Inciser ??? Maintenant ??? « Il me faut une infirmière, une table avec un kit de suture avec pince. » Hein ??? Tu comptes faire quoi avec ta pince ??? « Madame, ne vous inquiétez pas, ça va bien se passer. Je vais couper au scalpel puis avec une pince, je vais ôter les caillots. » Mais pourquoi maintenant ??? « Dans un premier temps, avec l’anesthésie (locale) et la suppression des points de compression, la douleur sera nettement moindre. Mais c’est aussi parce que ça ne partira pas seul de votre système vasculaire et s’ils migrent, cela peut vous être fatal » Hein ??? Mais j’ai juste mal au fion mec ! (Faites-le avec la voix d’Axel Foley dans Le Flic de Beverly Hills, c’est de suite plus drôle !)

En résumé : je suis arrivée aux urgences avec un carpaccio en feu et j’en suis ressortie avec, ce qui deviendra après dissipation de l’anesthésie, un tartare brûlant. Mon calendrier m’annonce que j’ai une course le 5 octobre.

0.Profil

Le 5 octobre au matin, la 207 est parquée en haut de Thorens-Glières donc pas loin du départ. Habillée, sac prêt, bataille avec le dossard, un bisou des copains qui passent par là pour s’échauffer et je me bourre la raie de vaseline. Je fais ma blonde et remets le tube dans la voiture.

3.dossard

Pipi… Merci les dames (non-coureuses) qui m’ont laissée passer sans que je n’aie à demander quoi que ce soit. Je me dirige vers la ligne de départ, Seb Chaigneau qui tient le micro m’affiche en disant mon prénom et je ne sais plus quoi d’autre, ce qui me permettra d’avoir une bise de Maïlys qui se trouve tout devant en bataille pour le podium évidemment.

Je pars derrière. Non non… encore plus derrière… derrière… complètement derrière !

Presque derrière en fait. Juste devant les fermeurs… ils sont belles.

2.fermeurs

Seb me rejoint. Le briefing touche à sa fin.

1.Depart

Il est 9h00. C’est parti !

On court. C’est du bitume. On court. Ça monte un peu. On court. C’est du bitume. Oh un fermier en short en jeans, bottes caoutchouc vertes, parka kaki. Il nous encourage et nous applaudit. Nous quittons le bitume. Ça trottine toujours. Je suis surprise, le peloton n’est pas loin. Il est juste là.

On dirait que tout le village vit au rythme de cette course. Tout le monde est dehors pour encourager les coureurs. Les familles, les jeunes, les anciens, les fermiers, les vaches, mamies en robe de chambre… c’est juste génial !

4.encouragements

Ça commence à monter sévère quand j’entends des voix d’hommes au loin. Ils parlent forts et se rapprochent très vite. Ils s’entrainent et nous doublent très vite. Tant mieux, ça va me soulager les oreilles.

6.monte 5.Monte

Ce qui m’impressionne aussi, c’est que même les bénévoles sont là en famille et ce, sur tous les points et les ravitos. Ils nous encouragent comme si nous étions les prétendants au podium. C’est tout simplement extraordinaire !

8.benevoles

Nous continuons notre ascension. Je suis fatiguée dès la moitié de la montée. Mes jambes sont lourdes et peine à supporter mon corps. Sous-Dine : le fameux endroit technique. Il y a des bénévoles partout, des militaires aussi. Ça glisse ! Concernant la vaseline, est-ce bien sûr que je n’en ai pas mis sous mes semelles ? Permettez-moi de m’interroger sur ce point. Mais pourquoi je n’ai pas remis le tube dans mon sac ?!? Ça chauffe dans le collant !

Il y a un point de secours en haut. J’avance en espérant qu’ils auront ce tube orange et blanc qui ôtera le frottement fumant qui ferait pâlir Freddy de Koh-Lanta pour obtenir le feu.

9.haut

Tout à coup, chute de la température, vent froid sur l’arête et raie en feu qui ne réchauffe pas. C’est avec une profonde tristesse que les secouristes m’annonceront qu’ils n’ont pas de quoi me soulager.

Derrière, ça parle fort ! Très fort ! Trop fort ! Encore eux ! Ils nous doublent à nouveau.

Tiens, un monsieur avec un dossard. Nous le doublons. Tiens, une dame avec un dossard. Nous la doublons.

Le balisage est au top : tant en quantité qu’en qualité. Les panneaux et rubalises sont très visibles et placés comme il se doit.

7.panneau

Nous rattrapons les messieurs décibels au prochain ravito où ils rejoignent un de leurs potes qui est dans les premiers du parcours long. Seb mange pendant que je bois de l’eau gazeuse. Hop hop hop… On n’est pas là pour acheter un bout de terrain… Nous repartons. Mise en garde des bénévoles : « attention sur le single. Stabilisez bien vos appuis. »

J’entends des pas derrière moi. Nous nous mettons sur le côté et nous nous faisons enrhumer méchamment par Isabel Levionnois (qui passera la ligne d’arrivée du grand parcours en 2ème position). Je lui lâche un petit encouragement car je souhaite vraiment qu’elle soit sur le podium. Nous reprenons notre chemin. Nous voilà sur le fameux single.

Les coureurs du long arrivent comme des balles derrière nous. On se case où on peut pour les laisser passer. Tout à coup, ça parle fort ! Très fort ! Trop fort ! Et ça déboule sévère. Les gaziers qui nous avaient déjà doublés deux fois sont avec leur pote qui est sur la course. Ils sont en train de discuter et la locomotive qui porte le dossard traine derrière elle un train qui va à toute allure. Ils en font des vibrations dans le sol. Nous nous propulsons sur le morceau de talus afin qu’ils passent. J’ai même cru faire le drapeau, accrochée à mon arbre tellement ils sont passés fort.

On repart au trot et là… Oula… il y en a un qui est allé au tas. Une trace de glissade est très visible vers le côté extérieur du sentier. Je scrute pour être sûre que cette personne n’est pas là en contrebas. C’est en lisant son compte-rendu que j’apprends que c’est Maïlys (la 2ème du 22 km) qui est signataire de cette jolie trace.

Nous continuons et certaines portions plus stables nous permettent de relancer un peu. La descente s’accentue. Seb commence à ralentir. Ses genoux. Et oui, encore eux. Il n’arrive plus en descente. Je ne peux pas le laisser car il souffre et une chute est vite arrivée. Il s’appuie parfois sur moi mais il dit que « la branche ne lui parait pas bien solide » ! Mouais… je ne vois pas la chose comme lui mais bon.

Tiens, encore une dame. Nous la doublons.

Tiens, une casquette sur le sol. Hop dans le sac… je crois savoir à qui elle est. J’ai vu cette fille nous doubler comme une balle quelques minutes auparavant.

10.paysage

Nous arrivons enfin au bas de cette descente infernale pour Seb et interminable-minable pour moi. Nous traversons la route. Seb ne peut plus courir. La dernière personne que nous avons doublée nous dépasse très lentement, c’est vous dire l’allure à laquelle nous traçons notre chemin.

Et là Seb voit que je suis d’attaque. Nous sommes à trois kilomètres de l’arrivée et il me dit « Vas-y ! Tu veux courir ! Vas-y maintenant ! ». Oui Ca m’a vexée de me faire doubler comme ça. Alors bisous et je trace. Mais quand je dis je trace, c’est vraiment je trace. J’ai aussitôt redoublé la dame et elle n’a pas revu ma croupe. Je crois que je n’ai jamais couru si vite surtout en fin de course. Bon ok… c’était plus de la randonnée mais on s’était déjà fadé 19km avec 1500m+.

Et alors là les gars… oui vous qui avez fait le parcours, allongé un tronc d’arbre d’au moins 1 mètre de diamètre (non je n’exagère pas ! C’est vraiment l’impression que j’ai eu en l’enjambant).

11.PhotoTronc1

Et puis quelques mètres plus loin, encore un… je voulais juste vous dire, vous avez un peu abusé pour la fin !

12.PhotoTronc2

Sur ce coup-là, je ne sais pas trop… il faut que je fasse du calcul mental 1+1 ou je m’en tiens à ce que m’a dit le gentil bénévole « Aux panneaux un kilomètre, c’est vraiment le dernier ! ».

13.Arrivee

J’ai couru tout ce que j’ai pu mais je suis malgré tout restée sur ma faim. Une faim d’évasion, une faim de courir, une faim d’accomplissement… alors même pas encore arrivée à la voiture pour récupérer nos sacs de douche que je pensais à quelle course j’allais pouvoir faire pour clore ma saison pour que je ressente cette sensation de fin et non plus de faim.

Allez… chiche… I’ll be back !

PS : Les douches sur la ligne d’arrivée… on ne peut vraiment pas mieux faire !

PS bis : La prochaine fois je regarde l’heure des podiums pour avoir le droit à une bise des champions à mon arrivée.

PS Ter : Special thanks to tous les bénévoles et toute l’organisation, c’était top !