Comment je m’y suis retrouvée ? C’est simple. J’annonce à Nathalie (Xenath) que je suis à St Max le week-end du 10 janvier. Elle me dit qu’elle a une course le dimanche matin et qu’on peut se voir dans l’après-midi. Euh… une course de quoi ? Une course nature. Ah ? Quels en sont les paramètres ? 12km avec environ 200D+ ? Et il y a encore des dossards ? On se voit dimanche alors. Ça, c’était quelques jours avant la course.

Je dis donc à mon Seb chéri et à son père que je fais la Boucle Gardannaise le dimanche matin et du coup Joël décide de la faire aussi.

Nous sommes arrivés à Saint Max le vendredi soir. Epuisée par une semaine à me lever à 5h15 (c’est mon lot 5 fois par semaine), je me sens vide. Samedi soir, je prépare mes affaires pour ne pas me stresser le lendemain matin. Nous arrivons là-bas vers 9h15. Le départ de la course étant à 10h, nous allons tranquillement nous inscrire. Je choisis le t-shirt en cadeau-souvenir puis je tombe nez à nez avec le célébrissime VinceVador (Quoi ? tu ne connais pas Vincent Machet ??).

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Discutaille, photos, retour voiture, échauffement sur le parking, Nathalie, re-photos, discutaille, ligne de départ. Enfin… la ligne de départ je la vois uniquement quand tous les autres devant sont partis. Joël est loin devant moi. Je suis bien gentiment au fond du peloton à écouter le speaker.

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Quelques jours auparavant, il y a eu l’attaque terroriste de Charlie Hebdo. Une minute de silence puis une Marseillaise étaient notre devoir de citoyens vivant sur le sol français et surtout libre.

https://www.youtube.com/watch?v=p5BqGzpSb6U&feature=youtu.be

Et top départ ! Je n’ai aucune idée du parcours ni même aucune indication concernant le type de terrain. Alors je suis. Je suis tout ce petit monde qui semble savoir où il va. De la route, encore de la route, pour changer on passe sur du bitume suivi d’un peu de macadam. Mes jambes sont lourdes, j’ai froid (même pendant l’échauffement j’avais froid et Seb me trouve pâlotte depuis quelques jours). Mais bon… j’y suis, j’y cours. Et nous arrivons enfin dans un chemin qui monte un peu. Point trop n’en faut, je marche. Les autres qui m’entourent courent mais je les double d’une marche décidée. Quand je vois la taille des collines ici, je me dis que nous ne partons pas pour un kilomètre vertical alors je vais chercher au fond de moi et je continue mes quelques dépassements dans cette petite montée. Sur un chemin un peu plus plat mais rieur, le single slalome entre les arbres alternant montées aussi courtes que raides et descentes aussi confortables que roulantes alors je galope.

Tout à coup, j’entends de la musique… des percussionnistes sont là sur le bord du chemin. Et je ne sais pas comment ils font s’ils sont aussi réchauffés que moi, c’est un coup à perdre une phalange.

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Puis le ravitaillement. Non merci je n’ai besoin de rien. Une douleur à la cuisse me prend et j’ai encore froid. Le chemin monte légèrement, je trottine. Un monsieur (pas tout neuf, il faut bien le reconnaitre) vient me parler. C’est qu’il cavale lui ! « Tu connais Vincent » qu’il me lance comme ça. Difficile de nier. « Figure-toi que j’ai fait le marathon de New York avec lui en 2010 ». Quoi ? Mais il a quel âge ??? Fait-il beaucoup plus vieux que son âge ? Ah mais non… en fait, il fait plus jeune que la date annoncé sur sa carte d’identité. Il est V4 ! Un chemin plat à perte de vue alourdit mes cuissots et je suis incapable d’accélérer. Soyons réaliste, je ne parle pas non plus d’atteindre la vitesse lumière ni même de doubler quiconque. Je me traine. 1h05 de course, un point de côté me bloque la respiration. J’ai froid. Il faut que je précise que nous sommes dans le sud de la France et qu’il y a un grand soleil. Les autres sont en t-shirt alors qu’avec mon t-shirt manches courtes, mon t-shirt manches longues, mon tour de cou et ma veste coupe-vent je suis glacée. Je ne cours plus. Plus du tout. Même marcher est un supplice. Je me fais doubler par de nombreux coureurs (15 personnes, c’est nombreux non ?). Et puis je longe un grillage au bout duquel je vais devoir tourner à droite. Au loin, je vois un homme à la silhouette que je reconnais très bien prendre le chemin à l’envers et longer ce même grillage. C’est Joël, mon beau-père (le père de Seb Chéri). Il a passé la ligne d’arrivée et il est revenu me chercher. Je suis rassurée. Je ne suis plus seule dans ma douleur. Je respire comme je peux. Il me parle comme à l’habitude : peu de mots, mais calme et posé. Il s’adapte à mon rythme à chacun de mes pas. Je trottine à nouveau. Je marche. Je trottine. Puis un long faux-plat montant jusque la ligne d’arrivée va m’achever.

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Je suis contente, je passe la ligne.

J’échange des félicitations avec un coureur qui m’a doublée 2 km avant l’arrivée. Il vient me demander pourquoi il m’a suivie de loin si longtemps puis tout à coup plus de jus. En même temps, je me fiche tellement du chrono que j’avais oublié de l’arrêter. Ça change, d’habitude j’oublie de l’allumer.

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Voilà une chose de faite. A table. Canapé avec Gros (ou Gras c’est au choix) Mino emmitouflée dans une couette, je dors quelques heures malgré, semblerait-il, un bruit de bricolage. Aucun souvenir. C’était ma première course de 2015 et qui n’était pas prévue.